Votre réponse m’attriste beaucoup.
Je vais donc essayer de vous expliquer ce que je pense de tout ça, et j’espère que vous prendrez le temps de me lire, et de faire remonter ce mail un peu plus haut.
Oui, vous me demandez « juste » de l’amincir. Or, moi, ce que je vois, c’est qu’il n’y a pas d’argument pour que cette femme soit plus mince (et qu’il m’en faut pour qu’elle soit ronde!)…
Ce que j’ai lu de sa description, c’est que c’est une jeune femme « forte et rockeuse », « tout en formes », « aux formes féminines très marquées ».
Je n’ai pas fait une femme obèse, encore moins non-séduisante. J’ai dessiné une jeune femme au regard coquin, aux formes pleines et qui dégage beaucoup de force, beaucoup de sensualité.
Donc quand vous me dites que vous ne me demandez pas une Barbie formatée (je tiens à dire à ce sujet que même Barbie a évolué aujourd’hui, et propose des poupées aux formes et couleurs de peau plus variées… http://www.lemonde.fr/entreprises/article/2016/01/28/une-poupee-barbie-retrecie-et-dodue_4855616_1656994.html) mais que votre phrase se termine par « faire maigrir un peu » et « mini jupe »… cela semble un peu ironique.
Ensuite, vous me citez Kate Winslet comme modèle (qui est mon actrice préférée, mais on s’en fiche ^^).
Je ne la pense pas bien plus mince que mon héroïne:
Si l’éditrice tient tant que ça à être proche du texte, peut être est-ce l’auteure qui serait la mieux placée pour nous dire si je suis à côté ou non.
Quant à votre dernier paragraphe, je me permets de vous y répondre point par point:
La minceur ou, « les formes à la Scarlett Johanson » n’ont pas le monopole du beau, j’en suis désolée. Et cela ne m’intéresse mais alors pas outre mesure de faire partie de ceux qui prêchent pour une société lisse et « belle », pleine de gens aux canons inatteignables et sans aspérités.
Juste pour conclure tout cela, parce que je sais que nous n’avancerons probablement pas tellement plus loin:
Ignorer ce lectorat là, croire, encore, que seulement les minces ou « femmes pulpeuses parfaites » font vendre, c’est se tromper. C’est continuer de penser qu’un seul pan infime de notre société a le droit d’être représenté sur une couverture, (aussi « légère » soit-elle), et que se sont les seuls consommateurs.Donc si effectivement, malgré tout ce que je suis prête à vous dire, ou à faire pour ce roman, vous souhaitez à tout prix faire mincir ce personnage (quand je dis vous, je parle évidemment de la maison d’édition en général), alors je pense que je ne poursuivrai pas ce travail, car je n’ai pas envie d’être de ceux qui acceptent ce deal tacite.
Et cela me chagrine, parce qu’encore une fois, cette couverture en l’état, j’y crois très très fort , et je suis prête à communiquer dessus, une fois le livre sorti, même si je ne touche aucun droit d’auteur sur les ventes.
J’en parlerai s’il sort, parce que ce serait une belle réussite, d’avoir ce type d’héroïne en couverture de chick-lit.
Voilà pour « ce que j’en pense ».
Au plaisir de vous lire,
Maureen Wingrove
http://diglee.com