Holalala.
Ce blog se meure.
Il est un peu enterré vivant par Instagram sur lequel je poste quasi quotidiennement, telle l’illustratrice 2.0 que je suis. Le vent tourne, et les réseaux sociaux sont un peu devenus les maîtres: que voulez-vous, c’est comme ça.
M’enfin, il est quand même important que ce blog reste un espace d’échanges et d’informations sur mon travail, et qu’il soit à jour pour les événements majeurs qui me concernent.
Et il y en a deux, d’événements majeurs qui me concernent en cette rentrée 2017.
Car après QUATRE ANS sans rien publier, je suis de retour avec deux livres qui comptent ÉNORMÉMENT pour moi.
J’ai la chance d’avoir toujours publié des projets « coups de coeur » et relativement intimes, choisis: j’ai souvent pu proposer mes projets, et éprouvé le bonheur de les voir naître sur papier.
Mais ici, et pour des raisons bien particulières, je vis une petite révolution professionnelle et j’éprouve une sensation vivifiante de première fois.
D’abord, il y a « Libres! Manifeste contre les diktats sexuels », l’essai/BD créé en binôme avec Ovidie, chez Delcourt:
Puis il y a « Mémoires d’une jeune guenon dérangée », mon tout premier roman, chez Michel Lafon (illustration de couverture : Cécile Dormeau <3 )
L’idée de ce projet a vu le jour en 2014 (oui, déjà… on a pris le temps!).
Quelques mois après avoir rencontré Ovidie au festival d’Angoulême (genoux mous et trémolo dans la voix en lui laissant ma BD « Forever Bitch » dédicacée), j’ai reçu un mail de Delcourt me proposant de réaliser un projet avec elle, sur la sexualité féminine. Émotion, danse de la joie et stress naissant. Ovidie venait de terminer son documentaire « À quoi rêvent les jeunes filles« , et elle avait envie d’écrire un livre qui questionnerait les nombreux tabous et injonctions liés à la sexualité des femmes et jeunes femmes.
L’idée au départ était de réaliser une sorte « d’anti-guide » d’une sexualité parfaite, pour prendre le contre pied de tous ces articles ou mini guides nous expliquant en dix chapitres comment être des amantes parfaites, en questionnant rarement notre plaisir ou notre épanouissement personnel.
Nous nous sommes donc rencontrées pour faire le point, échanger et nous découvrir chacune: comme il n’y a pas « un » mais « des » féminismes, il était important d’être sûres que nous étions sur la même longueur d’onde.
Finalement au gré des rencontres et des échanges, le projet a muté, s’est enrichi, et a dépassé son simple statut d’anti-guide sexo. Il est devenu un réel manifeste, et nous avons choisi d’aborder des thèmes plus larges que la simple sexualité, comme le rapport au poids, la représentation du corps des femmes, les injonctions à la beauté, l’âge ou les règles.
Ovidie a donc rédigé 15 chapitres d’environ deux pages chacun, que j’ai illustrés par une planche BD et des illustrations internes en noir et blanc.
Quelques images du livre:
Ce livre, il est extrêmement important pour moi pour deux raisons:
1) C’est ma première parution féministe éditée. Cela fait maintenant environ trois ans que mes articles de blog sont des articles engagés, mais rien n’avait été publié sur papier: je suis extrêmement heureuse qu’un éditeur nous ai fait confiance sur ce terrain car ce sont vraiment des sujets à aborder ailleurs que sur le net. Ce livre est un texte qui se veut accessible à tous, qui ne s’adresse pas forcément à une communauté militante ou activement féministe: c’est un texte bienveillant et ouvert, une sorte d’appel international à la sororité, et je suis SI CONTENTE de le voir en librairie, accessible aux yeux de toutes et tous.
2) C’est un projet au coude à coude avec une femme réalisatrice et journaliste dont j’admire énormément l’engagement et surtout le travail depuis des années. Ses documentaires sont fins, intelligents, riches et surtout nécessaires. Ovidie est l’une des premières voix du féminisme à m’avoir aidée à me déconstruire. Travailler avec elle sur un projet aussi passionnant, c’était une chance immense: un peu comme d’être marrainée par la Queen, quoi.
J’ai déjà un peu parlé de la génèse de ce projet sur ma page Facebook.
En juin 2016, un soir en faisant ma vaisselle au coeur d’une année particulièrement difficile financièrement et émotionnellement, j’ai eu une sorte de révélation. Des années que je rêvais d’écrire un roman sans m’autoriser à le faire, et ce soir là il m’a semblé que c’était le moment. Je me suis arrêtée, et j’ai foncé sur mon bureau pour coucher mes première idées sur le papier (tant pis pour la vaisselle).
Je voulais écrire un texte pour adolescents, ça c’était sûr.
J’ai toujours été fascinée par cette tranche d’âge, sorte de période charnière inégale et violente pendant laquelle on oscille entre un comportement de gros bébé et la découverte fébrile de l’âge adulte, du désir, de l’amitié, de l’indépendance.
Je suis allée dans mes placards déterrer THE carton, celui remplis de ma soixantaine de journaux intimes tenus de 10 ans à aujourd’hui. J’ai isolé ceux de la période collège, et entamé une relecture pleine de honte et de gêne tout en me félicitant intérieurement d’avoir gardé cette mine d’or qui me permet aujourd’hui de me téléporter à volonté dans les méandres de mes souvenirs d’adolescente.
Après moultes relectures embarrassantes donc, j’ai monté mon projet, enquêté, traîné à la Fnac rayon jeunesse pour interviewer les grappes d’ados en quête de lecture, j’ai cherché pendant un moment le prénom de mon héroïne pour oser me lancer, et quand je l’ai trouvé (facile, c’est celui que j’ai vraiment failli porter), les pages ont jailli, comme si je les couvais depuis des années et qu’il suffisait d’ouvrir la porte pour que le flot se répande.
Ce livre, ou plutôt cette série (car j’écris le tome 2 actuellement), ce sera le journal intime de Cléopâtre Welligton, 13 ans, une ado franco-anglaise qui a des poils autour des tétons, une petite soeur timbrée fan de phoques et une passion inconsidérée pour les films d’horreur, le houmous et sa meilleure amie Chloé.
Avec ce personnage, j’ai eu envie d’aborder de manière frontale et sans tabou cette relation trouble au corps, à la puberté: ce sentiment d’être monstrueuse, difforme, moche. De surcroît en tant que fille, quand cette puberté nous barde soudain d’attributs que la société nous encourage à cacher ou taire (poils, règles etc.).
Je parle aussi de harcèlement scolaire, diffus, larvé, journalier: celui qu’on intègre et qu’on ne relève plus, persuadé de le mériter. Je parle aussi des premiers émois, des premiers flirts, et surtout: d’amitié.
Et d’Halloween.
Et un peu de magie.
Et de chats (Flutiou est dans la place).
Et de la famille évidemment, en l’occurrence DES PARENTS, ici divorcés et complètement antinomiques, ambiance mère militaire et père démissionnaire un week end sur deux.
J’ai écrit ce texte en m’imaginant filer aux lectrices et lecteurs une bonne grosse tape dans le dos suivie d’un gros câlin qui dirait : « T’inquiète: ch’ui avec toi ».
C’était un pari risqué, parce qu’encore une fois, je suis à mille lieues de ce sur quoi on m’attendait. Tenter le roman quand on est appréciée pour son coup de crayon, c’est un peu effrayant. Et en même temps, ce livre je l’ai écrit avec la même plume, le même ton que toutes mes anecdotes de blog. À l’écriture je ne me suis pas sentie étrangère à mon travail habituel, c’était comme une sorte de continuité logique.
C’est une sortie très angoissante et très excitante à la fois, et j’espère vraiment que ce texte trouvera sa place sur quelques étagères.
Voilà!
Je mettrai à jour mes dates de dédicaces ici, dans la rubrique « Autre ».
À très vite, et merci à toutes et à tous pour votre soutien, comme toujours. <3
Maureen
J’ai lu les deux. Enfin, j’ai dévoré les feux plutôt et juste, je te tire mon chapeau bien bas Maureen. J’admire ton travail depuis des années, ta dédicace dans mon exemplaire d’Autobiographie d’une fille gaga à l’occasion de mon anniversaire est l’un de mes meilleurs souvenirs et… Ses deux ouvrages font désormais partis de ces magnifiques souvenirs.
Je les ai chroniqué tous les deux et je harcèle mes proches avec pour qu’ils les lisent tant les messages qu’ils font passer sont importants. J’aurai tellement aimé avoir lu de tels ouvrages quand j’étais plus jeune. Alors merci. De nous décomplexer, d’être toi, de parler aux adolescents, aux jeunes femmes et même aux femmes en général en fait.
Libres ! est une merveille, et ton roman est à la fois plein d’humour et plein de questionnement. Bref, ils étaient passionnant tous les deux et j’ai hâte de pouvoir te les faire dédicacer à Lyon. ❤️
MERCI pour Libres! qui m’a fait un bien fou, qui a entrainé de longues heures de discussion avec une amie qui m’a vue l’acheter et qui a récupéré son exemplaire aujourd’hui. Très curieuse de découvrir l’autre surtout si le texte est de toi 🙂 des bisous !
Deux pierres de plus à l’édifice ! Bravo Maureen ! 🙂
Enfin des nouvelles ! (et des bonnes en plus) Quid de « Anna » ?
C’est cool de te revoir un peu par ici! Je viens de m’acheter « Libres » et je commence à le lire. Comment te dire que je suis ABSOLUMENT fan, tant de la plume d’Olivie que de tes dessins? Ce livres est un bijou (que je vais d’ailleurs offrir à ma copine pour Noël). Ce type de lecture ferait teeeellement de bien à pas mal de monde… Et encore une fois, je n’arrête pas de le dire mais quel trait magnifique tu as. Tu es vraiment mon illustratrice préférée de l’univers et source d’inspiration quotidienne (oui, c’est une déclaration d’amour – artistique :-P). Je suis pleine d’admiration… En tout cas bravo pour tes 2 parutions, tu dois bouillonner de joie. A quand un recueil des superbes dessins poétiques que tu as fait pour le inktober? Bises et bonne continuation.
Bravo pour tout ce chemin parcouru !
Tu es vraiment une inspiration au quotidien et lorsque je regarde ton travail ( surtout depuis que tu partages sur le féminisme ), ça me fait comme câlin au cœur ( oui c’est pas très français mais c’est ce que je ressens ^^ ), et ça me donne l’énergie pour affronter les heures et jours qui suivent.
Merci pour tout !
Et j’ai hâte de me procurer tes deux derniers petits trésors ! =)
Bises !
Et Anna, on la rencontre quand ??
Les dessins de « Libres! » sont absolument magnifiques, est-ce qu’il y aura la possibilité d’acheter certains ?
Merci !
C’est super! ça donne envie de lire tout ça!!
Bravo!