Ces derniers jours j’essaie quelque chose.
Lorsque je me lève, avant toute chose, j’écris mes rêves.
L’exercice est ludique puisque, plus je les écris, plus je rêve, et parfois il se passe de longues minutes avant que j’émerge de ce silence pétri d’images incongrues. Mon thé Pleine Lune versé chaud dans une tasse blanche, j’écris d’abord, avant les réseaux, avant les mots, avant la vie du dehors. Parfois des bribes me reviennent face au papier, et parfois les quelques pas que je fais de mon lit à ma table suffisent à engloutir à jamais le souvenir. Si c’est le cas malgré tout j’attends, et si rien ne revient, alors je ferme le carnet doré.
Mais depuis deux jours, (oui, c’est extrêmement tôt pour en parler, mais je m’y risque), j’essaie autre chose. Une autre forme d’introspection.
J’ouvre une page blanche d’ordinateur, et j’écris. J’écris exactement comme je n’écris jamais, à savoir sans penser: je laisse s’épandre les mots que je porte, que je garde, ceux qui suppurent et demandent à sortir. Ça donne d’étranges contes, comme une langue inconnue, parfois même j’emploie un mot qui m’est étranger et qui pourtant, est juste. Comme ce matin par exemple, où j’employais le verbe « ourdir » sans en connaître la signification.
Le matin il sort de moi une matière faite des mots lus dans les livres des autres et porteuse d’un message obscur. Ça ne dure pas longtemps, à peine quelques lignes, parce qu’écrire, doucement me réveille. Mais la personne enfermée en moi possède son propre langage, et c’est fascinant à observer.
Je suis très étrangère aux lignes que je relis ensuite, et j’essaie de ne presque pas les retoucher, parce qu’elles me racontent quelque chose de secret.
C’est drôle, l’écriture.
Parfois les mots engendrent les mots, et l’on s’approche de quelque chose qui aussitôt nous échappe. J’aime ce jeu, et j’ai bien envie de continuer pour comprendre qui parle.
Et vous? Avez vous déjà pratiqué l’écriture automatique au réveil ?
Je n’ai pas encore essayé, mais je suis très tenté par cette écriture automatique au réveil dont j’entends de bonnes choses depuis plusieurs mois. Il faut juste que je trouve la force de me lever plus tôt pour le faire 😬😬 J’adore beaucoup trop ce dessin
L’écriture automatique, c’est l’exploration d’un pays imaginaire. Si bien que le mien, de pays, porte un nom depuis plusieurs années. C’est le Medium qui m’a coachée et formée pendant 2 ans, qui m’a ouvert cette porte. Désormais, je porte en moi cet endroit secret dans lequel j’aime m’enfouir, quand la réalité devient pour moi une étrangère. Je te souhaite un merveilleux voyage dans ton pays 🌟
C’est magnifique cet exercice. (pendant que je t’écris là, je suis avec d’autres personnes et quelqu’un VIENT de prononcer la phrase « écriture automatique », quelle serendipité !)
Bref.
J’adore le faire également mais je « le défaut » de me réveiller et être 100% éveillée et performante immédiatement, presque plus que pendant le reste de la journée. Je ne connais pas ce réveil en douceur. Alors pour moi, cette écriture automatique est déjà en pleine conscience et réfléchie. Peu importe, elle est, de toute façon, un exercice richissime.
Bravo pour cette nouvelle porte ouverte à toit même. Quelle richesse de ressources que nous avons !
@OM > on adore ces belles synchonicités! <3
Même décision ici depuis début janvier. Je me souviens énormément de mes rêves, de tous les détails et péripéties.
J’ai donc finalement pris la décision de les coucher sur papier avant toute autre action de ma journée. Au calme, devant ma fenêtre.
Bonjour,
Je ne savais pas que ça se nommait écriture automatique.
Depuis un peu plus d’1 an, je fais une routine matinale et je commence, dès le lever, à écrire dans mon carnet 3 pages. Les « 3 pages du matin » qui ont pour but de libérer la créativité. Et tout pareil j’ai plein de mots que je n’ai pas l’habitude d’utiliser. En tout cas j’en retire énormément de bienfaits. Ça m’apaise et j’ai le sentiment de libérer ce qu’il y a tout au fond de moi. Enjoy. 😉
C’est une tres belle pratique ! Moi j’arrive a peine a prendre un thé ds le silence depuis qq semaines avant de me jeter sur la bouffe haha ! J’aimerais reussir a me passer du tel au reveil immediat…
C’est très beau ce que tu écris sur les mots qui nous habitent, sur la matière en nous, la personne enfermée en nous ! Ca résonne avec mes obsessions du moment : la série En Thérapie ; les mots d’Anne Pauly dans « Remède à la mélancolie » (la « poussée des larmes ») ; le livre de Caroline Valentiny « Il fait bleu sous les tombes »… Merci <3
L’écriture automatique est magique <3
Je suis dramaturge et chaque scène écrite est passée par une phase d'écriture automatique. Je sais "en gros" ce qui doit se passer dans la scène et l'écriture automatique me dicte la manière dont les personnages veulent l'exprimer. C'est assez surprenant et tellement plus efficace que si j'essaye de contrôler. Il y a parfois les mots des autres qui surgissent (coucou Shakespeare, coucou Rostand) et parfois des éléments dont l'origine m'est totalement inconnue, des tournures poétiques ou des métaphores que je n'aurais pas trouvées en y réfléchissant. Aucun jugement pendant l'écriture automatique. Si Victor Hugo est passé glisser une citation, c'est qu'il avait une couleur à donner à la scène. Je garderai la couleur sans les mots lors de la relecture. Car ensuite vient la relecture dans le cas de l'écriture d'une pièce que je veux cohérente.
Mais il m'arrive parfois de m'autoriser ce moment d'écriture automatique sans chercher à l'inclure dans un tout. Et on y trouve des petits bouts de magie. Des réflexions sur l'usage des mots, des créatures inconnues…
J'écris toujours à la main sur du papier blanc d'ailleurs, et j'adore voir la forme et l'espace que va occuper l'écriture. Le volume de mes lettres change selon les jours, selon l'énergie racontée.
Et il m'arrive parfois, quand je me sens bloquée dans une situation, de demander comment la débloquer et de laisser la main répondre. Il n'y a pas de poésie dans ces cas là, mais il y a toujours une solution qui se dessine.
Aussi, je viens de finir de lire Orlando de Virginia Woolf, magnifique, et que je recommande mille fois. Je suis persuadée, à lire comme sa pensée glisse d'images en réflexions, qu'elle pratiquait l'écriture automatique.
Il y aurait tant à dire, c'est un sujet inépuisable car la pratique est sans cesse source de surprises…
Merci pour cet article.
Oh ça sonne comme une apparition de la langue mémoire dans ta vie (Itana Lakota)!
Je tente aussi depuis plusieurs semaines d’introduire ce rituel matinal que j’appelle le « Dévaloir du matin » j’en découvre petits à petits ces facettes et c’est captivant =)
Merci pour ces mots
Bonjour Maureen,
Merci pour tous ces partages et ces mots toujours si parlants. Tu as surement du regarder la définition du mot « ourdir », mais je me permet d’y ajouter une touche personnelle. Je suis une jeune designer textile spécialisée en tissage. Le fait d’ourdir me met dans une sorte de transe méditative. Ourdir à la main est quelque chose de chronophage qui demande concentration et rigueur. Une sorte de danse du corps pour maîtriser l’ourdissoir sur lequel la chaîne vient se dérouler, et puis le décompte dans la tête qui énumère les aller-retours des fils. Cette étape de préparation de la chaîne n’est pas toujours appréciée. Je l’adore, elle me déconnecte.
Magnifique aquarelle et merci de partager votre expérience. Un jour j’ai découvert le livre « the artist way » de Julia Cameron qui a changé ma vie et ma relation à la créativité. Elle préconise cette écriture des le réveil quelque soit ce qu’ on écrit dedans, 3 pages chaque matin pour se connecter au creator within. Ça m’a libérée et j’ai offert le livre à 4 de mes amis qui ont eux aussi été transformés par cet exercice. C’est incroyable ce qu’il se passe quand on donne un espace libre pour soi, et qu’on fait confiance à quelque chose de plus mystique que la raison pour débuter quelque chose 😊