Les poétesses, ces oubliées. Ma lubie, ma fascination. Mes invisibles.
L’année dernière, quand je commençais le défi, j’en connaissais 5… Aujourd’hui, j’ai sur mes étagère une centaine d’ouvrages, en vélin, en papier froissé, des rares, des antiques, des cornés, des pelliculés, des signés, des disparus, des bilingues, des auto-édités, des prix Goncourt… je collectionne les vers, je collectionne les femmes.
Cette année, j’ai eu moins de temps, je n’ai pas fait 31 dessins: mais j’ai vécu de vraies passions, j’ai vibré et été émue par des centaines de vers, j’ai dû trier parmi une cinquantaine de femmes encore toutes brillantes, puissantes, tranquilles ou dévorées.
Je vous les ai livrées sur mon Instagram au cours du mois d’octobre, avec, cette fois-ci, quelques mots rapides sur leur vie, quelques détails de leur biographie qui les rend encore plus solaires.
Voici les listes des poétesses de l’année dernière, et celles de cette année:
Claude Cahun, Lucy Schwob de son vrai nom, est une artiste à part entière: Photographe-plasticienne, écrivaine et poétesse, elle a énormément travaillé sur l’identité et le genre, notamment à travers l’autoportrait. Elle fréquente le groupe des surréalistes, et travaille entre autres avec George Bataille, André Breton, Meret Oppenheim, Toyen et Lise Deharme.
Pendant la guerre, à Jersey, elle participe avec son amoureuse Suzanne Malherbe à la Résistance, en publiant des tracts allemand à destination des soldats de la Wehrmacht, signés Le soldat sans nom, qu’elles distribuent partout. Elles sont arrêtées et condamnées à mort en 1944: la peine est annulée en 1945, mais cette guerre et cette terreur sans fin ont énormément affaibli Claude. Elle meurt en 1953.
« Brouiller les cartes.
Masculin, féminin? Mais ça dépend des cas. Neutre est le seul genre qui me convienne toujours. S’il existait dans notre langue, on n’observerait pas le flottement de ma pensée. Je serais pour de bon l’abeille ouvrière. »
« Ambition: vivre sans tuteur, fût-on de l’espèce végétale. Placer son idéal en soi même, à l’abri des intempéries. »
« Je m’efforçais de revoir ses cheveux flottants
estompés dans le décor,
résille d’astres
subtil réseau de la nuit dépeignée… »
« Je t’aime. Cela devrait suffire à tout le système solaire. »
« J’existe
Et ça comporte tout. »
Extraits d’Aveux non avenus, 1930
Née en 1928 et complètement passée inaperçue bien que repérée et préfacée par André Salmon, Simonne Michel Azaïs a publié des recueils de poèmes brûlants, dont les Poèmes interdits de 1953, publiés sous le manteau (lisibles sur le site les introuvables lesbiens et le site Poétesses d’expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)
Elle y aborde sans tabou son désir, son corps, son sexe, et sa bi-sexualité.
MESSE NOIRE
Mon corps est un désir
Comme l’hostie est Dieu
Mon amant
Ce prêtre à l’autel
Qui communie avec mes lèvres
Lèvres de sang
Sang
De ma chair
Qu’à l’offertoire
Il baise
Sabbats hallucinants
Des nuits ensorcelées
Que le diable conduit
Ivre de nos cantiques
Et que le jour va
Souffleter
AMOUR
Alors Tes lèvres d’amour entrouvriront ma vulve
Et boiront mon désir Comme on boit un vin fou
Ce désir
Qui courait au long de mon échine
Et faisait se cambrer mes reins
A ton toucher si doux
Lors
Je ne saurai plus si c’est moi que tu aimes
Ou seulement
Ta joie
De me donner l’amour.
REFLETS
Une glace
Et nous deux
Et notre amour profane qui s’y réfléchissait
Tel un grave cantique
A l’écho immolé.
Poèmes interdits, La Goélette 1953
Poétesse et dessinatrice juive Allemande, elle est l’une des représentantes de l’avant garde du modernisme et de l’expressionnisme.
Divorcée deux fois en 1910, anti conformiste, passionnée et mystique, elle perd sa nationalité Allemande en 1938 et part s’exiler, en deuil de son fils de 26 ans, à Jérusalem où elle mourra.
MÉLODIE
Tes yeux se posent dans mes yeux
Jamais ma vie n’a eu si forte attache
Jamais n’a t’elle été autant ancrée en toi
Éperdument ancrée.
À l’ombre de tes rêves, la nuit venue,
Mon cœur d’anémone s’abreuve de vent,
Et je traverse, florissante, les jardins
De ta paisible solitude.
ARRIVÉE
Je suis parvenue au but de mon cœur.
Aucun rayon n’ira plus loin.
Derrière moi, je laisse le monde
Et les astres -oiseaux dorés- qui prennent leur envol.
La tour de lune hisse l’obscurité
…Oh, cette tendre mélodie qui doucement me hante…
Mes épaules se soulèvent, coupoles hautaines.
Extraits du recueil Secrètement, à la nuit (Heimlich zur Nacht) édition Héros limite,
collection Feuilles d’herbe, 2011. Traduction d’Eva Antonnikov
SECRÈTEMENT À LA NUIT
Je t’ai choisi
Parmi tous les astres
Et je veille — fleur aux aguets
Dans le feuillage susurrant.
Nos lèvres s’apprêtent à préparer le miel
Nos nuits chatoyantes sont écloses.
Les cieux de mon cœur s’embrasent
À l’éclat radieux de ton corps —
Tous mes rêves irradient de ton Or,
Je t’ai choisi parmi tous les astres.
Recueil mon piano bleu 1943
Après sa mort en 1922, et alors qu’elle avait écrit toute sa vie poèmes, romans et pièces de théâtre, un recueil inédit de Marie Nizet fut découvert.
Il s’agissait de poèmes dédiés à son dernier grand amour, Axel Veneglia, disparu en mer.
Le recueil, ode à leur passion charnelle et spirituelle, cri de douleur de Marie suite à ce deuil terrible, fut publié à titre posthume en 1923, sous le titre de pour Axel de Missie.
En voici un extrait (Le poème en entier est lisible ici)
LA TORCHE – extrait
Je vous aime ma chair, qui faisiez à sa chair
Un tabernacle ardent de volupté parfaite
Et qui preniez de lui le meilleur, le plus cher,
Toujours rassasiée et jamais satisfaite.
Et je t’aime, Ô mon âme avide, toi qui pars -Nouvelle Isis- tentant la recherche éperdue
Des atomes dissous, des effluves épars
De son être où toi même as soif d’être perdue.
Je suis ce temple vide où tout culte a cessé
Sur l’inutile autel déserté par l’idole;
Je suis le feu qui danse à l’âtre délaissé,
Le brasier qui n’échauffe rien, la torche folle…
Et ce besoin d’aimer qui n’a plus son emploi
Dans la mort, à présent retombe sur moi-même.
Et puisque, Ô mon amour, vous êtes tout en moi
Résorbé, c’est bien que j’aime si je m’aime.
Pour Axel de Missie, 1923
recueil posthume.
Première femme à être élue professeure de littérature à la Sorbonne en 1947, Marie-Jeanne Dury obtient aussi en 1977 le Grand Prix de poésie de l’Académie Française pour l’ensemble de son œuvre.
Femme absolument disparue, il m’a même été impossible de me procurer l’un de ses recueil chez les libraires spécialisés. J’ai heureusement découvert ses poèmes grâce à la bible « huit siècles de poésie féminine », de Jeanne Moulin, édité en 1975 (voir mes sources en fin d’article)
RÉVEIL
Ton visage mangé de nuit
Ta face sombre me regarde
J’ai suivi tes chemins détruits
La corde au fond du puits perdu
Je l’ai tirée à perdre haleine
Le dur fantôme de toi même
Je le hale jusqu’à la vie.
NUIT
Seule dans le silence
Mais avec ce coeur sourd où bat le sang du monde
Tu gis les doigts rejoints et les jambes serrées.
Rien ne vit que ce dur battement de tonnerre,
Ce bruit de pas et de canons dans ma poitrine.
Je guette un souffle au loin dans la nuit qui me cerne,
Un souffle de soleil sur les rives de l’enfance.
Bouche pleine d’une eau de l’ombre, mes appels
Se taisent, engloutis sous l’inerte marée
Où seule je vous noue à moi.
Extraits du recueil Effacé, 1954
À MARCEL
Vent sur ma peau, gifle ou caresse,
Air aspiré à gorge ouverte,
Songes happés à pleins poumons,
Sang de feu qui bat surl’enclume
De chair et de muscles durs,
Bras cernant l’espace libre
Qui se ferment en étreignant
Les arbres et ton chaud corps d’homme.
Extrait du recueil Près des sources, 1974
L’une des « 25 légende vivantes » d’après Oprah Winfrey, Nikki Giovanni est une poétesse Américaine engagée pour la cause noire, depuis sa participation active dans les années soixante au Black Arts Movement. Elle est nommée au Grammy Awards pour son œuvre, et l’un de ses recueils (Bicycles: love poems) est dans les bests sellers du New York Time. Dans ses poèmes, elle dénonce les violences racistes qui animent son pays.
Black feelings black talks, qu’elle publie en 1968 se vend à plus de 10 000 exemplaires l’année de sa sortie.
Elle écrit aussi des poèmes pour les enfants, des romans, et des textes autobiographiques.
Le poème ci dessous est lisible en entier sur le site Poem Hunter:
EGO TRIPPING (extrait)
I sat on the throne
Drinking nectar with Allah
I got hot and sent an ice age to Europe
To cool my thirst
My oldest daughter is Nefertiti
The tears from my birth pains
Created the Nil
I am a beautiful woman
RAIN
rain is
god’s sperm falling
in the receptive
woman how else
to spend
a rainy day
other than with you
seeking sun and stars
and heavenly bodies
how else to spend
a rainy day
other than with you
Poétesse et plasticienne passionnée d’occulte et de nature, la jeune Valentine Penrose évolue parmi les surréaliste: Max Ernst, Paul Eluard (qui préface son recueil « herbe à la lune ») ou encore Joan Miró sont ses confidents et collègues de travail.
En 1925, à 28 ans, elle se marie avec Roland Penrose, un poète peintre et photographe anglais. Mais quatre ans plus tard, au cours d’un voyage en Égypte, elle rencontre un gourou espagnol, le comte Galarza de Santa Clara, qui bouleverse sa vie. En 1936, elle quitte son mari pour se convertir à l’hindouisme et part vivre jusqu’en 1939 dans l’Ashram du gourou aux côtés de son amante, la peintre Alice Rahon Paalen. Elle rentre ensuite à Londres, puis s’engage en 1942 comme soldat de 3e classe dans l’armée française en Algérie.
On lui doit également le fabuleux et horrifique roman La comtesse sanglante de 1962, récit imaginé de la vie d’Elisabeth Bathory, célèbre comtesse slovaque dont on disait qu’elle prenait des bains de sang de jeunes vierges pour conserver sa beauté et sa jeunesse.
Femme superbement étrange et mystique, elle est l’un de mes coups de cœurs.
« Je nie entre nuit et jour à voix égale
à jamais l’amour qui ne bute
sur un astre fermé
Le dire de toi
de tes pistils qui dépassent mes bras
des mauves où préside
ancrée à la fin de ce bouquet qui plie
cette taille amoureuse
sourire du donjon. »
Extrait du Premier cahier de habitude de la poésie chez G.L.M, 1937
« Rondes plumes rond soleil
la boule du feu de joie
je m’étrangle de ma joie
douce femme douce au lac
l’air si tendre à ce satin.
.
Au milieu de moi tu bats
ô toi qui me noues au jour. »
Extrait d’Herbes à la lune de 1935
Natalie Barney est LA séductrice du début du siècle. Lesbienne et libre, elle séduit toutes les intellectuelles et artistes qui croisent sa route, de la célèbre courtisane Liane de Pougy (qu’elle courtise à 22 ans en débarquant dans sa loge après un spectacle déguisée en « page de l’amour ») à Renée Vivien et Lucie Delarue Mardrus (poétesses elles aussi, que j’avais représentées toutes les deux l’année dernière dans mes galeries de poétesses), la peintre Romaine Brooks ou encore Colette.
Ses poèmes brûlants font jaser le tout Paris, et en 1900 elle est renvoyée aux États Unis, jugée trop provocante. Son père tente de brûler tous ses recueils scandaleux, et exige de la marier. Elle refuse évidemment (sauf si on la marie à Alfred Douglas, dit-elle avec ironie, puisqu’il est l’amant reconnu d’Oscar Wilde), et revient à paris en 1910 pour fonder l’un des salons littéraire les plus influents: le salon de l’Amazone, qui verra passer les plus grands artistes de son époque.
Vous pouvez lire les poèmes en entier ici.
Femme
À la soupe la charpente,
Au poitrail courbe arqué pour
Les gémissements de l’amour,
Mon désir suivra tes pentes –
Tes veines, branchages nains –
Où la courbe rejoint l’angle;
Jambes fermant le triangle
De ce cher coffret féminin;
Ô femme, source et brûlure-
Je renverse dans ma main
Ta tête – sommet humain;
Cascade de chevelure! »
À une myope
J’aime tes yeux d’aveugles agrandis par les rêves,
Tes yeux hantés de nuit, ne voyant que trop tard
Toute chose, et de près tes cils quand tu les lèves;
Et je voudrais frôler de ma bouche sans fard
Tes yeux purs comme une onde où malgré toi persiste
La sirène: je veux aspirer ton regard
Mais puisque pour tes yeux l’irréel seul existe,
Sans cesse contemplant d’invisibles beautés,
Trop frêle pour la vie, et pour l’amour trop triste,
Tu passes sans les voir tous deux à tes côtés.
Son (merveilleux) livre prendre corps est une compilation de plusieurs chroniques qu’elle a tenues sous le titre de «corps dedans/dehors»: plusieurs mini poèmes en prose, petits textes enlevés, joyeux ou sombres, toujours plein de grâce et de malice autour des thématiques du corps, des souvenirs qui nous y rattachent, des sensations, des complexes, des voluptés qu’il nous procure.
C’est un recueil absolument magnifique, que je conseille chaudement.
Voici une petite sélection non exhaustive:
Poignet
Mon plus grand fantasme: un baiser à l’intérieur du poignet.
Là ou la grosse veine fragile communique avec mon coeur.
Lèvres
Quelques peaux mortes
Fidèles comme les couleurs
Annonçant l’automne
Papillons
Rien à voir avec les désirs-ouragans. Ceux qui te tiennent dans le vent par la
fragile poigne d’une cheville. Ceux qui te brassent à l’envers.
C’est une douceur qui te prend au ventre. Ou, plus précisément, c’est
quelque chose dans le ventre qui te rappelle que tu es douceur. Ça grossit là,
dans l’abdomen, et ça caresse tout ce qui se mousse au fond de toi.
Larmes
L’hiver, ce sont d’épais foulards. L’été, des verres fumés.
Par expérience, je sais qu’il suffit de cacher la moitié du visage
pour que personne ne remarque que vous pleurez.
Jointure
Puissante réminiscence. Les doigts de ma grand mère, encore
fins entre les jointures épaisses. L’élégance. Les bagues. L’email parfait.
En jouant avec un ongle, j’ai vu dans mes doigts l’ombre de ma grand mère.
De Jane Catulle Mendès, Jeanne Mette de son nom de plume, on ne connaît presque rien. Son nom est écrasé par celui de son mari Catulle Mendès, écrivain et poète lui aussi, fan d’occultisme (ayant, d’après la légende, présenté Eliphas Lévi à Victor Hugo) et fondateur du mouvement poétique du Parnasse.
Il s’avère pourtant que la plume de Jeanne -extrêmement difficile à dénicher dans les méandres du net- est fabuleuse, et que son talent de poète a bien été reconnu puisqu’elle reçoit en 1922 la distinction de chevalier puis officier de la légion d’honneur.
Femme mystérieuse, à la beauté incroyable et à la plume provocante et libre.
Vous pouvez lire ses poèmes ici!
Le livre de Cinthia– (1902) extrait
VIII
J’aime te voir souffrir. Je suis douce pourtant
Mais j’aime, sur ton front, la douleur qui ravage
Et j’aime, dans tes yeux, cette lueur sauvage
Comme un couteau brandi sur un sein palpitant.
Et je t’aime. D’un coeur sec, attentif, insistant,
Je verse la douleur, lent et brûlant breuvage,
Dans tes veines, afin d’y mettre un esclavage
Aussi fort que la joie et que l’amour constant.
Femme de lettres souvent présentée comme « la femme d’Edmond de Rostand », Rosemonde Gérard était en fait une poétesse très prolifique, et une amoureuse de la poésie des autres (femmes, surtout). Elle est élevée par Alexandre Dumas fils et publie son premier recueil en 1889 à 22 ans, qui obtient le prix de l’Académie. Edmond de Rostand écrira le sien un an plus tard, que Rosemonde fait publier en cachette, folle de lui et persuadée de son talent. Quelle douce surprise quand je découvre qu’elle a fait exactement la même chose que je tente de faire ici, à savoir créer un recueil de poétesses pour les sortir de l’ombre.
Dans « les Muses françaises » de 1943, elle met en avant des femmes qui écrivent de la poésie (38 en tout), en composant un poème pour chacune, et en publiant une sélection de leurs prose.
Quant au poème ci-dessous (à lire en entier ici)… vous en reconnaîtrez les deux premières strophes, devenues une sorte de refrain universel sur l’amour, sans en connaître l’origine.
Rendons à César(inne) ce qui est à César(inne)!
Le dernier rendez vous (extrait)
Et comme chaque jour je t’aime davantage,
-aujourd’hui plus qu’hier et moins que demain-
Qu’importeront alors les rides du visage
Si les mêmes rosiers parfument les chemins.
Songe à tous les printemps qui, dans nos cœurs, s’entassent;
Mes souvenirs à moi seront les tiens;
Ces communs souvenirs toujours plus nous enlacent
Et sans cesse entre nous tissent d’autres liens;
C’est vrai nous, serons vieux, très vieux, faiblis par l’âge,
Mais plus forts chaque jour je serrerai ta main,
Car, vois tu, chaque jour je t’aime davantage:
Aujourd’hui plus qu’hier et moins que demain.
extrait du recueil Les Pipeaux, 1889
Je découvre cette poétesse lors d’une visite du musée Magritte: par un portrait d’elle dans la pièce qui m’émeut d’abord, puis par sa signature sous certains dessins de cadavres-exquis réalisés avec Magritte et d’autres compères surréalistes.
Je note le mystérieux nom, jamais lu nulle part, curieuse de découvrir une nouvelle femme dans la bande des zozos du Surréalisme.
Quand j’enquête, je réalise qu’elle n’est pas une simple muse, mais bien une poète, épouse d’ailleurs d’un autre poète, Louis Scutenaire.
Elle créer des vers vifs, piquants, pleins de drôlerie ou de feu, joue avec les structures, les pleins, les vides, et le silence. Militante socialiste, elle écrit ses premiers vers à l’âge de 20 ans, puis intègre le groupe des surréalistes Belges. Femme surprenante et pleine de force, elle est l’un de mes coups de cœurs (passion années 20-30 oblige).
*
« Mon glaive de feu pénètre tes statues
Ta fente polymorphe gobe les avalanches
Je me cache au noeud de ma toile
Sujet peureux objet transi. »
*
« Cet appareil est mal armé
Tout pareil à un mal aimé
Si mal aimé qu’il est pareil
À un appareil mal armé. »
*
Chanson
Hue
Irine
Hue
Hihihi
Hihi
Urine
extraits du recueil Corne de brune, 1976
Louise de Vilmorin est une aristocrate pleine de facettes. On a beaucoup parlé de sa beauté (comme neuf fois sur dix quand on parle d’une femme) et de ses amants. Jeune, elle était en effet fiancée à Antoine de Saint Exupéry. Mais finalement, elle rompt ces fiançailles et part à Las Vegas épouser un Américain. Saint Exupéry sera marqué à vie par cette rupture: Louise lui inspirera le personnage de Geneviève dans Courrier Sud, et il continuera de lui écrire durant de nombreuses années.
En 1934 elle publie son premier roman, Sainte-Unefois, qui est un vrai succès. Puis elle se met à la poésie, en 1939, et ses amis écrivains la trouvent brillante. On la compare à Éluard et Max Jacob. J’aime énormément sa poésie, qui est pleine de spectres et de cosmos.
Elle a également participé à l’écriture de certains scénario et dialogues, notamment « les amants » de Louis Malle. Anaïs Nin et plein d’autres artistes de son époque adoraient se retrouver au « pot au feu » le dimanche, rendez-vous littéraire instauré par Louise dans son joli salon bleu.
Elle terminera sa vie avec son amour de jeunesse, André Malraux, rencontré en 1933.
Mon cadavre est doux comme un gant (extrait)
Mon cadavre est doux comme un gant
Doux comme un gant de peau glacée
Et mes prunelles effacées
Font de mes yeux des cailloux blancs.
Deux cailloux blancs dans mon visage,
Dans le silence deux muets
Ombres d’un secret
Et le lourd poids mort des images.
Mes doigts tant de fois égarés
Se sont joints en attitude sainte
Appuyés au creux de mes plaintes
Au noeud de mon coeur arrêté. .
Et mes deux pieds sont les montagnes
Les deux derniers monts que j’ai vus
A la minute où j’ai perdu
La course que les années gagnent.
Mon souvenir est ressemblant,
Enfants emportez le bien vite,
Allez, allez, ma vie est dite,
Mon cadavre est doux comme un gant.
Fiançailles pour rire, 1939
J’ai découvert le travail de Kasischke en écoutant un portrait d’elle sur France Culture l’année dernière pendant mon inktober. Je ne sais plus si c’est dans cette émission là ou dans celle de Laure Adler, l’Heure Bleue, qu’elle expliquait qu’elle écrivait toujours ses poèmes à la main, contrairement à ses romans qu’elle tape directement à l’ordinateur, parce que le mouvement de sa main est un prolongement d’elle dans l’inconscient, et que de cette manière, elle accède à d’autres mots, d’autres sonorités. J’ai été saisie par cette nuance que j’ai toujours observée dans mon travail sans jamais la conscientiser.
Son univers poétique est rude et fantomatique, plein de chairs et d’os.
C’est une superbe découverte.
note: Mon dessin ici est aussi un hommage aux « mariés » de Chagall, qui me sont immédiatement venus a l’esprit en lisant ces vers.
The devil exits to crow song
The first night of wings, we flew.
Fresh out of hell, we nested
there in the tree of moons
because the life-tree
was heavy with lemons
and the tree of death
was milky with angel cocoons.
We shook the tree and the moons
fell next to the mastodonte skulls,
scuffed and blasted with sand.
Le diable sort au chant du corbeau
La première nuit à tire-d’aile, nous avons pris notre envol.
Tout juste sortis de l’enfer, nous avons niché
dans l’arbre à lunes
parce que l’arbre de vie
était chargé de citrons
et que l’arbre de mort
avait blanchi sous les cocons laiteux des anges.
Nous avons secoué l’arbre et les lunes
sont tombées à côté des crânes de mastodonte
éraflés et abrasés par le sable.
*
Old women
My aunt had a furrow filled with rose
water and whale oil on her face.
She dabed at it with a napkin and ate
her food with her fingers slowly as though
she could ever taste
the air around her food.
Her one kept breast hung
like a snout from her. « She’s
and old witch », my sister said —hazel-
haired sister who
never lived to turn to leather.
Vieilles femmes
Ma tante avait une ride sur le visage
comblée d’eau de rose et de graisse de baleine.
Elle la tapotait avec une serviette et mangeait
lentement avec ses doigts comme si
elle pouvait aussi goûter
l’air aoutour de ses aliments.
Le sein qui lui restait pendait
de son corps comme un groin. « C’est
une vieille sorcière », dit ma soeur — ma soeur
aux cheveux châtains qui
est morte avant de pouvoir se tanner comme du cuir.
Extrait du recueil mariées rebelles, 2016
Vers traduits par Céline Leroy
Cécile Sauvage est souvent appelée « la poète de la maternité »: certes, elle a beaucoup écrit sur l’incroyable sensation que lui a procuré le fait d’avoir mis au monde un être vivant… Mais son oeuvre est plus complexe qu’il n’y paraît. Épouse et mère dévouée, elle remplit ces tâches dites « féminines » avec panache et calme, et si l’on ne creuse pas un peu, le portrait qui est fait d’elle peut sembler bien conventionnel.
Mais la réalité, lorsque l’on lit ses poèmes et non les cinq piètres lignes que lui consacre Wikipedia, c’est qu’il s’agit en fait d’une femme furieusement mélancolique: une petite Cancer dévastée par sa quête d’absolu, brûlée par l’envie d’immense, et soumise passionnément à la nature et ses ombres. Elle tombe folle amoureuse de Jean de Gourmont, premier homme à publier ses poèmes, et vit avec lui une passion adultère fulgurante, (dont elle semble parler dans le poème ci dessous, « le coeur tremblant ») et qui la tourmentera toujours, même après leur séparation.
Éternelle nostalgique, amoureuse du passé et de la lune, elle écrit des centaines de poèmes en secret, et meurt consumée, à 44 ans seulement.
Rosemonde Gérard la cite dans son recueil les muses françaises, décrit plus haut.
Le coeur tremblant, la joue en feu
J’emporte dans mes cheveux
Tes lèvres encore tièdes.
Tes baisers restent suspendus
Sur mon front et mes bras nus
Comme des papillons humides
Je garde aussi ton bras d’amant,
Autoritaire enlacement,
Comme une ceinture à ma taille.
Parfois de crépuscule pleine
Avec la lune sur le coeur,
J’ai l’âme flottante et sereine
Du jour qui meurt.
Je vis sans rêves, sans pensées,
Comme doit vivre une colline
Sous l’ombre bleue et traversée
De vapeur fin.
Souvent le coeur qu’on croyait mort
N’est qu’un animal endormi;
Un air qui souffle un peu plus fort
Va le réveiller à demi;
Un rameau tombant de sa branche
le fait bondir sur ses jarrets
Et, brillante, il voit sur les prés
Lui sourire la lune blanche.
Extraits du recueil Le vallon 1913
Aux états Unis, Alice Walker est une figure incontournable de la littérature et du militantisme afro féministe et LGBTQ. Son roman La couleur pourpre est d’ailleurs adapté au cinéma et en comédie musicale à Broadway, et d’après le Los Angeles Time, elle serait même l’un des auteurs qui vendraient le mieux dans le pays.
Pourtant je ne suis parvenue à trouver de traduction de ses poèmes nulle part, malheureusement. Je vous livre donc quelques extraits que j’espère, vous saurez traduire.
Your eyes are widely open flowers.
Only their centers are dark and clenched
To conceal mysteries
That lured me to a keener bloooming
Than I know,
And promise a secret
I must have.
*
I must love the questions
Themselves
As Rilke said
Like locked rooms
Film of treasure
To witch my blind
And growing key
Does not yet fit.
Immense IMMENSE découverte de cet Inktober.
Je tombe sur Angèle Vannier au tout début du mois de septembre, en lisant mon recueil de poétesses Huit siècles de poésie féminine (voir mes sources). Et ses poèmes m’éblouissent, me foudroient. Je ne sais rien d’elle alors, mais j’annote la page, et commande immédiatement ses recueils sur le net. Quand j’enquête sur elle, je découvre que Paul Éluard a préfacé l’un de ses recueil, et qu’elle est décrite comme l’une des grandes poétesses de son siècle, notamment par Théophile Briant, lui aussi poète, qui lui décerne le Grand Prix Goéland et publie son premier recueil, qu’il préface: les songes de la lumière et de la brume, en 1947.
Angèle Vannier était pharmacienne, quand soudainement, à 22 ans, elle perd la vue. Pleine de force et de fierté, elle refuse de se laisser abattre. Après un an exilée dans la maison de son enfance où l’ont élevée sa mère et sa grand mère, elle reprend courage, et dicte ses poèmes. Elle refuse d’apprendre le braille et d’utiliser une canne blanche. Elle écrit, pour parler de son handicap:
« Mes yeux fondirent dans ma bouche/ je pris la nuit comme un bateau la mer »
Elle s’intéresse au surréalisme, à l’astrologie, à la psychanalyse et l’imagerie des contes. Son univers est bouleversant, cruel et onirique.
Elle est aussi parolière, et en 1950 elle rédige « le chevalier de Paris », qui sera chanté par Edith Piaf (puis Yves Montand, Catherine Sauvage, Frank Sinatra et Marlène Dietrich). Elle reçoit en 1963 le Prix Wolmar de l’Académie Française pour l’ensemble de son œuvre.
Elle s’exile finalement à Brocéliande, pour devenir enfin la fée des nuits qu’elle décrit si bien dans ses poèmes. Lisez le sang des nuits (même s’il est vendu une fortune chez quelques rares libraires) c’est une merveille!!
C’est par hasard qu’un jour dans la pulpe brûlée
D’une très vieille larme
J’ai découvert une statue de sel
C’était je crois c’était la veuve du soleil
le sang des nuits, 1966
*
Je partage avec les miroirs
Les fontaines et les rivières
Le droit d’épouser la lumière
Avant que ne tombe le soir
*
Épuiser l’ombre
Avec des mains bénies
Je connais le fond de la nuit
Mon existence est une étoile
Une fatalité d’or vert
Où la pureté se fait chair.
Je prends la place des prairies.
Ah! Que la terre est infinie!
Choix de poèmes, 1961
*
Une fenêtre est envoûtée depuis des siècles
La femme ouverte un soir par le cri d’un vautour
s’y tient clouée malgré son âme
Voyageur que ta langue exilée dans ta bouche
depuis que ton palais s’est écroulé dans l’eau
que ta langue aiguisée par le jeûne et l’audace
soit plus rouge ce soit que le cri du vautour
Exorcise le jeu perpétuel des songes
Fais avec tes prières
une échelle de soie
Pour délivrer la femme tout entière
qui pleure là.
Le ciel me prend je prends le ciel
La terre tourne
Je tourne autour
Déjà son sang ne tâche plus mes yeux
Ton rire m’a tirée de ma robe de pierre
Tu m’as rendue maîtresse de mon ombre et de tes clefs
Forge ta langue au feu de mon nouvel été
Je t’aime
Enfonce un clou dans ma nuit
blanche
Extraits du recueil le sang des nuits, 1966
Je termine avec une poétesse géniale, surdouée, jeune fille de quatorze ans seulement lorsqu’elle est découverte: Gisèle Prassinos.
Née à Constantinople en 1920, Gisèle écrit très vite des « textes automatiques »: les mots lui viennent, par flot, elle les déverse et les assemble dans ce qui ressemble à de petits contes hypnotiques. Lorsqu’elle a 14 ans, son frère, le peintre Mario Prassinos les remarque, et les trouve si bons qu’il les montre au groupe des surréalistes qu’il fréquente: alors en pleines expérimentations autour de la conscience et du sommeil hypnotique, ils sont curieux. La troupe de Breton reste bouche bée. Ils pensent à une supercherie: c’est exactement ce qu’ils essaient péniblement de faire depuis des mois, en se mettant dans un état de conscience modifiée, en écrivant à quatre main ou en faisant des cadavre exquis. Alors ils l’étudient, la testent: prouve nous ce que tu sais faire. Gisèle leur rédige des textes avec une simplicité stupéfiante, du haut de ses 14 ans. Fascinés, ils l’érigent en madonne, jeune vierge géniale et touchée par la grâce de la poésie. Ils la maquillent en femme pour prendre cette photo célèbre avec elle, sur laquelle ils la contemplent avec béatitude. Ils parlent d’elle entre eux sans jamais lui adresser directement ma parole (cf cette itw d’elle), petite bête de foire candide dont le talent inné les dépasse. Ils lui interdisent même de lire, pour éviter les influences… Breton dira d’elle « le ton de Gisèle Prassinos est unique, tous les poètes en sont jaloux… »
Les vers de Gisèle sont en effet si beaux, si étranges et poétiques qu’Éluard lui rédige une note pour son premier roman, la sauterelle arthritique – dont la couverture est par ailleurs une photo de Man Ray- et Breton, lui, l’inclue carrément dans son « anthologie de l’humour noir » en 1940.
Elle dira toute sa vie qu’elle n’a PAS fait partie des surréalistes: qu’ils ne lui ont rien appris, qu’elle était leur objet de vénération et de dissection. Elle rejettera (à raison!) cette étiquette douteuse de la « femme-enfant » qu’ils lui avaient attribuée, arguant qu’elle était juste une enfant, et continuera d’écrire et de dessiner pour elle toute sa vie (son dernier livre date de 2009…). Même des romans, sacrilège pour le puriste autoritaire et despotique qu’était Breton.
Neige posée
Franchises d’épaules et de hanches
Pudeurs de nuques et de saignées
Pénombres de jarres
Ténèbres d’amphores
Angles écartelés
—1965
*
Viens sur moi sans tes genoux vides
Essaie sans tes doigts que je baise
D’ouvrir ce petit lit lourd de blancheur.
J’y ai mis de la braise.
Un souffle chaud de ceux qu’on trouve à la campagne
L’occupe et nous le fait aimer.
Le matin y plonge sans cesse
Avec des fleurs et du papier d’argent
On sent sous la toile une odeur de bois coupé
Qui monte à la tête de ceux qui le regardent.
Écoute moi ne t’amuse pas à me lancer loin de toi
Admire un peu un objet
Que j’ai confectionné avec ma peau et mon corps engourdi. —1936
*
Visibles et supérieurs les divins milieux
Ont pétri ma place
Du haut des chutes
Et en bas des monts
Les puces et le démon
Ont pétrifié le cygne
Agenouillés en face d’une statue
Épié et enchanteur l’oiseau
De la lisère du ciel
A vulgarisé le feu.
*
La nuit est bonne de venir jusqu’au jour.
J’ai dit aux autres de marcher
de courir sans cesse
et de me laisser regarder l’ombre.
Le soleil avait brûlé ma tête
écorché toute ma figure.
Maintenant le long des routes à crapauds
dans les ruisseaux qui vivent
j’aimerais chercher la fraîcheur
du dos des bêtes sales.
Extraits du recueil les mots endormis 1967
J’ai terminé ce défi avec, en tout, 49 poétesses. J’en avais des tas d’autres bien sûr, comme Nancy Cunard, Albane Gelé, Elizabeth Barret Browning, Anaïs Ségalas, Edna St Vincent Millais, Elisabeth Siddal, Louise Labé, Vénus Khoury-Ghata, Madeleine de l’Aubespine, Tanella Boni, Gloria Alcotra, Gérard d’Houville… Mais il a fallu choisir
Peut être un troisième Inktober?
Ou bien un livre illustré… qui sait?
Vous pouvez consulter toutes mes sources sur cette page.
En tout cas, merci à tou.te.s pour vos retours si nombreux pendant tout ce mois: vous avez été curieu.x.es et bienveillant.e.s, c’était un bonheur de me sentir aussi soutenue.
Poétiquement et féministement vôtre,
Maureen
Quel plaisir de te retrouver par ici!
Comme l’an dernier, j’ai pris un réel plaisir à découvrir ces poétesses magnifiques et si talentueuses ♥ Tes dessins, comme toujours, me fascinent. Celui qui m’a le plus touché est celui du jour 8 de Natalie CLIFFORD BARNEY. Superbe, vraiment!
Il y a quelque temps tu as vendu de belles sérigraphies sur Etsy, mais elles ont eu un tel succès rapide qu’il m’a été impossible d’en avoir une… Du coup, un livre illustré serait juste PARFAIT!!
Ton talent et ta passion me bluffent… J’aime ton trait ♥
Merci à toi pour ce sublime partage.
Mélissa
Bonjour Diglee, j’aime beaucoup découvrir des poétesses méconnues via tes articles. Je trouve ça très enrichissant. J’ai découvert lors d’un voyage à Singapour une poétesse dont les livres étaient mis en avant dans toutes les librairies: Lang Leav. Tu connais? J’ai beaucoup aimé le peu que j’en ai lu!
Quel beau travail Diglee <3 ! Je t'ai ratée à Montreuil, j'aurais bien aimé te rencontrer. Tu nous donne vraiment envie de lire toutes ces femmes. Est-ce que tu vas proposer d'autres sérigraphies à la vente cette année ?
Merci encore : )
Bonjour,
Poèmes et poétesses, le tout avec une touche d’érotisme. J’aime.
J’ai fait ma sélection et j’ai trouvé des poétesses avec un style qui me plait. Bonjour la lecture !
Bonjour,
Des poétesses et des poèmes ! Voilà un très beau programme pour les amateurs de littérature.
Merci beaucoup pour cette liste des plus intéressantes. J’ai maintenant du contenu de qualité à la base de laquelle je peux me former et m’inspirer. Grand merci.
Bonjour Maureen,
Je te suis depuis un looooooong moment, depuis plusieurs années, depuis tes débuts sur les internets je pense. Je ne me suis jamais manifestée, je suis juste venue assister timidement à l’une de tes dédicaces à Lyon une fois, et pourtant j’admire ton travail. C’est toujours un réel plaisir de voir tes dessins, et j’ai adoré voir évoluer ton trait et ton engagement féministe. Les hommages que tu rends depuis quelques temps à de nombreuses poétesses et écrivaines sont tout simplement fabuleux, et j’adore en découvrir de nouvelles avec tes illustrations. Alors voilà, je t’écris un message pour la première fois aujourd’hui pour te demander, te supplier, de sortir un recueil illustré. Ce serait une idée merveilleuse, et je prendrais soin d’en acheter une tonne d’exemplaires pour les offrir autour de moi (et en garder un pour moi aussi quand même).
Voilà, je ne sais pas si c’est un projet que tu as en tête, mais j’espère de tout coeur le voir arriver un jour.
Bien à toi,
Morgane.